photo: Pierre Robitaille
Faust, pantin du diable fait l'effet d'un pétard: il explose, surprend, ravit...
et fait beaucoup de bruit!

1 février 2001
Pupulus Mordicus
Faust, pantin du diable
Marie Laliberté
sources: Voir Québec


Après deux étés à jouer à la lueur des flambeaux et une tournée, Pupulus Mordicus présente de nouveau son Faust, pantin du diable, texte de Marie-Christine Le-Hûu mis en scène par Philippe Soldevila. Le spectacle, cinq ans plus tard, a-t-il gagné en sagesse? Oh que non!

Dans un décor évoquant l'enceinte d'une ville et ses places, dont une tour, mêlant rosace et gargouilles, sert de nid aux esprits du Mal - sorcières et autres démons -, les comédiens (Martin Genest, Anne-Marie Olivier, Pierre Robitaille et Véronique St-Jacques) recréent, à renfort de folie et de tissus rouges, un enfer bien sympathique. On y sert une version joyeusement impertinente d'un mythe séculaire touchant des aspects fondamentaux de notre humaine condition.

Arrivé au terme de sa vie, Faust accepte le marché que lui propose Méphistophélès. En échange de son âme, il retrouvera la jeunesse et avec elle, la promesse de plaisirs multiples. Amoureux de la belle Marguerite, dont il tue le frère par accident, le jeune Faust suit Méphisto à Val Purgis, où l'entraîne le serviteur de Satan afin de noircir son âme. Pendant que sa bien-aimée risque le bûcher pour expier la mort de son frère, Faust doit affronter les épreuves - truquées, bien sûr: on est dans l'antichambre de l'enfer! - pour tenter de sortir de ces limbes, dans une confrontation avec ses propres valeurs. Amour et soif de connaissance justifient-ils vol, meurtre, torture? La pureté, finalement, apportera toutes les réponses.

Apparaissant, disparaissant ou flottant dans les airs, les marionnettes se prêtent très bien aux diableries d'usage. Jeu et rythme endiablés animent cette faune diabolique, parfois lubrique, plus amusante qu'effrayante. S'intègrent à ce tableau infernal, les musiciens Martin Bélanger (guitare) et Frédéric Lebrasseur (batterie), présents sur scène. Accompagnant l'action, ils ponctuent, interrompent, ironisent et même, participent au jeu. Chefs d'orchestre du spectacle, ils lui insufflent énergie folle et savoureuse originalité.

Si la première partie est efficace et bien ficelée, la suite semble plus lâche de construction. Malgré l'intervention de personnages insolites, l'intérêt se dilue dans la répétition de certains procédés. Mais on ne va pas chipoter pour si peu! Devant l'imagination et l'irrévérence injectées au mythe, on oscille entre rire et étonnement, en proie à un malin plaisir. Faust, pantin du diable fait l'effet d'un pétard: il explose, surprend, ravit... et fait beaucoup de bruit!